Focus sur la BnF et le dépôt légal des jeux vidéo en France

Depuis 1992, les jeux vidéo sont officiellement considérés comme des œuvres culturelles dignes d’être archivées par l’État français. Mais comment cela fonctionne-t-il en pratique ? Qui est chargé de cette mission ? Et pourquoi est-ce si important pour la préservation du patrimoine vidéoludique ? Zoom sur le rôle de la Bibliothèque nationale de France (BnF) et le dépôt légal des jeux vidéo.

Le dépôt légal : un outil de mémoire nationale

Le dépôt légal, instauré en France en 1537 par François Ier, est un dispositif qui oblige tout éditeur, producteur ou distributeur à remettre à la BnF un exemplaire de toute publication mise à disposition du public sur le territoire français. Ce mécanisme s’est étendu au fil du temps à de nouveaux supports : livres, journaux, films, disques… et depuis 1992, aux logiciels et jeux vidéo.

L’objectif? Constituer une mémoire collective, préserver la diversité culturelle et garantir aux chercheurs et au public l’accès à ces œuvres, parfois longtemps après leur disparition du marché.

Les jeux vidéo dans le périmètre du dépôt légal

Depuis l’arrêté du 20 décembre 1993, les jeux vidéo commercialisés en France sont officiellement soumis au dépôt légal. Cela concerne aussi bien :

  • Les jeux sur support physique (CD-ROM, DVD, cartouches),
  • Que ceux diffusés par téléchargement (via plateformes comme Steam, itch.io, etc.),
  • Et même certains jeux mobiles et web.

Le dépôt doit être effectué par le producteur ou éditeur français, ou son représentant local dans le cas de productions étrangères distribuées en France.

La BnF collecte non seulement les fichiers des jeux eux-mêmes, mais aussi, dans la mesure du possible, les éléments périphériques : manuels, jaquettes, visuels, codes source, et documentation technique.

Pourquoi c’est crucial pour la préservation vidéoludique

À l’heure où de nombreux jeux disparaissent des stores ou deviennent injouables faute de serveurs, l’archivage officiel représente une bouée de sauvetage pour la mémoire du jeu vidéo.

La BnF ne se contente pas d’un simple stockage : elle œuvre à l’identification, la description bibliographique et la conservation à long terme des jeux déposés. Cela comprend des problématiques complexes comme :

  • L’obsolescence des supports physiques,
  • La gestion des droits numériques (DRM),
  • La conservation de l’environnement logiciel et matériel nécessaire au bon fonctionnement des jeux.

L’établissement travaille aussi sur des solutions d’émulation et de virtualisation, afin de rendre les jeux consultables par les chercheurs dans un cadre contrôlé.

Une couverture encore partielle

Malgré le cadre légal, le taux de dépôt effectif reste faible pour les jeux vidéo. Plusieurs raisons expliquent cette lacune :

  • Une méconnaissance du dispositif par les studios et éditeurs,
  • Des freins techniques pour le dépôt des fichiers,
  • Des inquiétudes juridiques liées à la propriété intellectuelle.

La BnF mène donc un important travail de sensibilisation auprès de l’écosystème vidéoludique français, et multiplie les partenariats, notamment avec le SELL (Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs) ou le CNC.

Un trésor pour les générations futures

En coulisses, la BnF constitue l’une des plus riches collections vidéoludiques d’Europe, même si elle reste peu connue du grand public. Des titres emblématiques comme Alone in the Dark, Rayman, ou Heavy Rain y côtoient des productions indépendantes et expérimentales.

Un jour peut-être, un chercheur, un historien ou un passionné pourra redécouvrir un jeu oublié, consultable uniquement grâce au travail invisible mais essentiel de la préservation publique.

En savoir plus et agir

Voici quelques liens utiles pour aller plus loin :

Préserver les jeux vidéo, c’est aussi préserver une part de notre mémoire culturelle. Grâce au dépôt légal, la France s’engage à faire vivre ce patrimoine numérique pour les générations futures. Un enjeu plus actuel que jamais à l’ère du tout dématérialisé.

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